Anticuisine


Emission culinaire potache ayant sévit sur une chaîne dont j’ai encore du mal à saisir le sens, Mange ton geek adopte un ton décalé et trash, farci de quelques perles politiquement incorrect. Avec son poulet à l’orangimba, c’est l’occasion de faire un point sur l’anticuisine.

L’anticuisine et la junk food

C’est en tombant sur un article du site Rue89 que j’ai découvert cette émission. Un article propose de faire un petit tour d’horizon de l’anticuisine, défini ici comme la cuisine avec des produits manufacturés qui, initialement, représente l’antithèse de la cuisine.

« Tarte au Carambar, soupe à la fraise Tagada, roulé au Nutella. C’est une des dernières tendances de l’édition : les livres de recettes de cuisine garanties sans produits frais et 100% junk food. Plus d’une dizaine de titres sont déjà parus. Cuisine au bonbons, aux conserves, à la Vache qui rit, à la pâte à tartiner, au ketchup : tout le placard y passe. »
Risotto au Coca-Cola : le carton des livres d’anticuisine par Renée Greusard, 26/02/2009
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L’anticuisine comme initiation

Personnellement, j’aime penser l’anticuisine comme une façon de déconstruire l’enseignement grand public de la cuisine, à la manière de l’antimanuel de Jean-Marie Baudic. Comment reprendre de la liberté dans la découverte de la cuisine ? En se débarrassant de ses livres de cuisine en quelques sortes, en faisant de la place à son instinc.
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Mais peut-être en ça l’utilisation de produits régressifs ou manufacturés peu rassurer ? En cuisinant le contenu du placard, on simplifie l’accès à la cuisine. Pas de gestion de produits frais qui finissent par moisir dans le frigo, faute de temps pour les préparer. L’improvisation facile avec les conserves et les surgelés…

L’exemple Jacques Thorel

Et entre les TV chefs (Julie Andrieu ou Ciryl Lignac) et les livres marketing (Sensation Nutella carrement élaboré par Euro RSCG), même des grands chefs comme Jacques Thorel s’y mettent (Trop bon et pas cher, Trop bon les surgelés).

« Il semblerait que la mode soit de concocter des plats à partir de produits industriels. Les auteurs de ces livres oscillent entre ingénuité et cynisme. Du côté des naïfs, certains grands chefs. Ainsi, Jacques Thorel, féru de bonne bouffe, s’est laissé aller à rédiger un petit ouvrage décaléTrop bon et pas cher, de Jacques Thorel, éd. Ouest-France. qui vante les mérites de la bouffe manufacturée et propose des recettes d’omelette aux chips, de volaille aux corn flakes et de chou au surimi.
Jacques Thorel se défend pourtant d’avoir voulu faire un ouvrage commercial, il explique que ce sont de longues discussions avec son neveu qui lui ont permis de s’apercevoir du gouffre culinaire qui les séparait. L’oncle, incrédule, a demandé au jeune homme de lui décrire ses repas. Premier constat: pas de légumes. «Il rien achète pas parce qu’il trouve que cane se conserve pas bien et que le goût des légumes est aléatoire.» Pas de fruits non plus. «Il ne fait pas sa compote, il l’achète.» Et «il ne connaît des fraises que leurs dérivés chimiques. Du chocolat, que son épouvantable ersatz élaboré à base de noisettes et d’huile de palme». »
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L’exemple Marie-Charlotte

Pour clore ce chapitre, je me souviens de cette anecdote.
Mon amie Marie-Charlotte cuisine, elle fait des desserts. Grande amatrice de bonbon, elle est adepte des tartes au carambar et autres mousse de fraise tagada. Un jour elle teste une pana cotta à la fraise tagada. Elle en déduit qu’elle n’aime pas la pana cotta, ce dessert est trop lourd, écoeurant… Je lui explique qu’une pana cotta traditionnelle est nature, serve avec un coulis de fruit rouge qui apporte de la léggèreté au dessert. Là il trouve son équilibre. Elle tente donc la version traditionnellle…. Elle aime.

Bref, avant de faire des recettes de junk cuisine, pensez à visiter l’immensité des recettes plus classiques qui font leur preuve depuis, allez j’oserais, des millénaires.

 

 


Aller plus loin

 

Ne mâchons pas nos maux de Isabelle Saporta (Editions Robert Laffont)
Sale temps pour la bouffe au pays de Rabelais : une enquête impitoyable.
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Mange mon geek
« Pour toucher un public non concerné par les émissions culinaires, Monsieur Poulpe adopte un ton décalé et trash. Afin de captiver son auditoire, il effectue des cascades en cuisine tout en apprenant à cuisiner des plats simples et originaux. Une émission culinaire qui combattra la malbouffe à grand coup de vannes périmées. »
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