Le Fantôme de Brillat-Savarin

de Mary Frances Kennedy Fisher

Ecrit en 1937, ce premier livre nous entretient de mille anecdotes aussi divertissantes qu’appétissantes, racontées avec bonheur par la grande dame de la littérature américaine et de la gastronomie.

Les souvenirs de Mrs Fisher étincellent tout au long de son livre : elle nous décrit un dîner doux-amer en Bourgogne, sous l’égide d’un serveur d’exception ; le parfum capiteux et reconnaissable entre mille du pain d’épice de Dijon qui se faufile jusque dans la cathédrale par une fenêtre pour se mélanger à celui de l’encens; le plaisir furtif des « délices secrètes » et la volupté qu’elle-même éprouve à déguster « des quartiers de mandarines desséchés sur le radiateur […], puis refroidis sur la neige toute fraîche empilée sur le rebord de la fenêtre, où ils deviennent miraculeusement dodus et juteux à souhait ».

BIEN QU’ILS CONTIENNENT un certain nombre de recettes, les livres de Mrs Fisher sont plutôt destinés à la bibliothèque qu’à l’étagère de cuisine. S’il ne s’agissait que de manuels de technique culinaire, je serais bien incapable d’en discuter ici, car les recettes de cuisine, même si je me régale à les lire, gardent pour moi tout le mystère des incantations magiques ; comme la plupart des gens qui ne savent pas cuisiner, je suis incapable de mélanger dans mon esprit les divers ingrédients de façon à deviner quel goût aura le plat terminé. Lorsque je lis, par exemple, la recette du Rôti aux pruneaux de Mrs Fisher, j’ai beau me dire que le résultat final est sans doute tout à fait délicieux, l’unique saveur que me présente mon imagination est celle des pruneaux, et je frémis de dégoût.

Pour ceux de mes lecteurs qui sont aussi cuisiniers et qui sont par conséquent à même de juger, j’ai prié une amie, dont la gourmandise m’inspire confiance, de choisir trois recettes caractéristiques du goût et du savoir-faire de Mrs Fisher. Elle a retenu le Bortsch chaud pour l’hiver, les Œufs à l’hindoue 1949 et les Hamburgers à la mode de moi-même. Tous trois sont des plats simples et bien connus. Si l’on compare les versions qu’en donne Mrs Fisher à celles que l’on vous sert en règle générale, on est plus convaincu que jamais de la vérité de cette maxime de la comtesse Morphy: «Il ne faut jamais confier la cuisine ordinaire à des cuisiniers ordinaires.»

Poche: 303 pages
Editeur : Le Serpent à Plumes (8 juin 2006)
Collection : Motifs
Langue : Français
ISBN-10: 2268058514
ISBN-13: 978-2268058511  

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